Endettement des ménages et des entreprises au Maroc :
Un défi entre opportunités et risques
Le Maroc se distingue parmi les pays africains avec l’un des niveaux d’endettement des ménages et des entreprises les plus élevés du continent, une situation qui reflète la maturité croissante du marché du crédit national. Cependant, cette dynamique met également en lumière des défis structurels pour le secteur privé et les institutions financières marocaines.
Une position de leader en Afrique
Selon un rapport de la Banque européenne d’investissement (BEI), le Maroc se classe deuxième en Afrique pour le taux d’endettement des ménages, qui atteint près de 30 % du PIB, juste derrière l’Afrique du Sud. Ce chiffre dépasse largement la moyenne des marchés pré-émergents du continent, bien qu’il reste inférieur à celui des économies émergentes ou développées.
Pour les entreprises, le Maroc occupe également la deuxième position, derrière la Tunisie, avec un taux d’endettement reflétant une forte activité du crédit. Toutefois, comme dans de nombreux pays africains, les crédits sont souvent concentrés sur les grandes entreprises, limitant ainsi l’accès des petites et moyennes entreprises (PME), qui constituent pourtant l’épine dorsale de l’économie locale.
Opportunités pour le secteur financier
La BEI souligne que cette évolution positive du marché du crédit marocain offre des opportunités importantes, notamment pour les banques. Le développement des prêts aux ménages et aux entreprises pourrait stimuler davantage d’investissements, renforcer la consommation et soutenir la croissance économique.
Cependant, cette dynamique exige des réformes pour éviter une dépendance excessive au crédit et améliorer l’accès des PME aux financements. Des efforts doivent être réalisés pour diversifier les sources de financement et renforcer l’impact du crédit sur l’économie réelle.
Défis structurels et contraction du crédit
Malgré ces perspectives, le rapport met en évidence des obstacles structurels. À l’échelle africaine, le crédit au secteur privé a chuté, passant de 56 % du PIB en 2007 à 36 % en 2022. Ce recul, lié à une faible croissance des actifs productifs, freine l’industrialisation et les investissements.
Au Maroc, cette problématique souligne la nécessité de renforcer les mécanismes de financement alternatifs, d’améliorer les conditions d’accès au crédit pour les petites entreprises, et d’encourager des investissements dans des secteurs productifs.
Le rôle des banques multilatérales
Pour relever ces défis, les banques multilatérales de développement, telles que la BEI, jouent un rôle crucial. En soutenant des projets inclusifs et durables, elles peuvent aider le Maroc à surmonter les défis climatiques et numériques, tout en favorisant une croissance économique résiliente et équitable.
Un équilibre à trouver
Bien que l’endettement croissant des ménages et des entreprises reflète une dynamique économique positive, il appelle à une gestion prudente pour éviter des déséquilibres à long terme.
Le Maroc doit renforcer ses réformes, diversifier ses sources de financement et soutenir les PME afin de maximiser l’impact du crédit sur son tissu économique.
QU’EN EST T’IL POUR L’IMMOBILIER MAROCAIN ?
Depuis plusieurs années, l‘accès au crédit s’est progressivement démocratisé au Maroc, en permettant à bon nombre de ménages de concrétiser leurs projets.
Cette dynamique s’est accompagnée d’une croissance plutôt mesurée de l’endettement, qui atteint un taux moyen de 35% en 2023, selon le dernier rapport sur la stabilité financière.
Cette analyse, basée sur l’examen de 233.000 dossiers de crédit accordés au cours de l’année, met en lumière des disparités notables selon les catégories socio-professionnelles, les tranches d’âge et les niveaux de revenu.
Bien que la situation globale demeure relativement stable, certains segments de la population méritent une attention particulière en raison de leur exposition accrue aux dettes.
Dès lors, la question se pose:
Entre prudence et opportunités, où se situe la ligne de crête pour les ménages marocains ?
Les fonctionnaires et salariés, principaux acteurs du crédit .
Les fonctionnaires et salariés occupent une place prépondérante sur le marché du crédit, puisqu’ils représentent 67% des bénéficiaires et 58% du montant total des crédits octroyés.
Avec un taux d’endettement moyen de 42,7% pour les fonctionnaires et de 32% pour les salariés, ces deux catégories demeurent les plus actives en termes d’accès au crédit. Cette tendance s’explique en grande partie par la stabilité de leurs revenus, qui en fait des profils privilégiés par les établissements de crédit.
Toutefois, les professions libérales et les retraités ne sont pas en reste, puisqu’ils cumulent respectivement 11% et 13% du volume total des crédits.
Leur taux d’endettement moyen, qui se situe autour de 32% et 35%, montre une utilisation mesurée du crédit. Cependant, les retraités, en particulier, doivent souvent composer avec des revenus fixes, ce qui peut limiter leur capacité à rembourser.
Un accès au crédit proportionnel au revenu L’analyse des emprunteurs, selon leur revenu, révèle une répartition inégale de l’endettement.
En effet, les individus percevant plus de 10.000 dirhams mensuels accaparent 64% du montant global des crédits, avec un taux d’endettement moyen de 34%.
Quant à ceux dont le revenu est compris entre 6.000 et 10.000 dirhams, ils affichent un taux d’endettement de 37%, tout en accédant à 21% des crédits. Pour les personnes gagnant entre 4.000 et 6.000 dirhams, 11% des prêts leur sont octroyés avec un taux d’endettement de 36%.
À l’inverse, les ménages à faible revenu, gagnant moins de 4.000 dirhams, ne se voient accorder que 4% du volume des crédits, avec un taux d’endettement de 33%.
Ce schéma montre que les ménages à plus hauts revenus contractent des dettes plus importantes, mais sans pour autant se retrouver dans une situation de surendettement.
Les 31-50 ans, la tranche la plus endettée ,Un autre point important issu de cette analyse concerne les personnes âgées entre 31 et 50 ans, qui constituent le cœur des emprunteurs.
Elles représentent près de 47% des bénéficiaires, avec des taux d’endettement moyens de 32% à 37%. Elles ont généralement recours au crédit pour des projets de vie significatifs, tels que l’acquisition d’un logement ou le financement de l’éducation de leurs enfants.
En comparaison, les individus de plus de 60 ans, qui représentent 22% des bénéficiaires, affichent un taux d’endettement moyen de 37%, souvent lié à des revenus de retraite.
Bien que ces chiffres ne soient pas alarmants en eux-mêmes, ils soulignent l’importance, pour les plus âgés, de veiller à la gestion de leurs finances personnelles. De leur côté, les jeunes de moins de 30 ans sont moins présents sur le marché du crédit, puisqu’ils ne représentent que 11% des bénéficiaires.
Leur taux d’endettement moyen plus bas, de 27%, traduit une approche plus prudente ou une capacité d’emprunt limitée.
Enfin, une part notable des emprunteurs, soit 35% des bénéficiaires de nouveaux crédits en 2023, présente une charge d’endettement supérieure à 40% de leur revenu. Ce chiffre marque une progression par rapport aux 31% observés en 2022, bien qu’il demeure globalement maîtrisé.
Les ménages ayant un taux d’endettement compris entre 41% et 50% représentent 36% de cette catégorie, tandis que ceux dont la charge dépasse 70% forment une minorité de 25%.
Si ces niveaux d’endettement peuvent constituer un facteur de risque pour certains ménages, il est essentiel que les établissements de crédit ajustent leurs critères d’octroi afin de préserver la stabilité du marché.
En conclusion, l’endettement des particuliers au Maroc présente des évolutions contrastées selon les catégories de population, mais la situation globale reste relativement stable.
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